Je ne suis pas une arme de guerre – Bourask ! Festival

Quoi

« J’étais là, avec les autres.
Ils nous ont rassemblés dans la cour de notre école.
Un des militaires, le chef, a donné l’ordre de séparer les femmes des hommes.
Soudain, il a pointé son doigt dans ma direction.
Ma mère a aussitôt fait un pas en avant.
Il s’est approché d’elle.
Il l’a regardée, l’a insultée, l’a frappée…, lui a ordonné de se déshabiller.
Elle n’a pas réagi.
Le chef a sorti son arme et l’a posée sur mon front.
Ma mère s’est hâtée de se déshabiller.
J’ai vu, devant tous les villageois, pour la première fois le corps nu de ma mère.
Le chef a poussé un cri en direction des hommes de notre village.
Dans sa langue, il a exigé que « le frère de cette putain sorte du rang ».
Je sentais toujours son arme pointée sur mon front.
Mon oncle a hésité.
Puis, Il est venu se placer face à ma mère… »

Fragment du 1er monologue

Dans un espace vide, un musicien et une femme sacrificielle nous plongent dans l’horreur du nettoyage ethnique. Cette « madone » universelle, témoigne du sort des femmes utilisées comme arme de guerre. Ni cri, ni plainte. Cette voix nue raconte l’horreur vécue au nom de la pureté ethnique qui, quels que soient les époques et les lieux, partage le monde en bourreaux et victimes.

Son témoignage est un plaidoyer pour l’humanité, contre les folies nationalistes et les crimes qui en résultent. Il n’en est pas moins un hymne à l’amour et à la liberté. S’y mêlent sons de guitare rock, prises de paroles, proclamations universelles, projections oniriques, chant d’amour qui embrasent la salle et font communier acteur et spectateur.

Inspiré de la chronique tenue par Sevdije Ahmeti, militante albanaise des droits de l’homme, durant la guerre au Kosovo, ce projet collectif traite des crimes contre l’humanité parmi lesquels le viol, utilisé comme arme de guerre, atteint le sommet de l’indignité dans la hiérarchie des barbaries modernes.

La pièce dénonce avec une dignité exemplaire les exactions commises contre les femmes et les enfants, dans ces périodes de feu et de sang, et adresse aux spectateurs un message universel de résistance au mal et de commune humanité avec d’autres peuples humiliés et opprimés.

Le viol de guerre vise à détruire, au travers de la femme, la famille et l’ensemble d’une communauté. Il empêche toute réconciliation future. Parce que la honte est trop forte pour que la femme puisse exprimer publiquement la moindre revendication.

Cette création théâtrale témoigne pour ces femmes, où qu’elles soient dans le monde, afin que leur corps ne soit plus un champ de bataille, qu’elles puissent sortir de leur isolement et réintégrer la société.



Le BOURASK! Festival, c’est 2 salles, 12 jours et 6 spectacles, comme un coup de vent qui décoiffe, pousse à la réflexion et souffle des questions sans avoir la prétention d’y répondre !

Vidéos

Quand

Événement terminé

qui ?

D’après « Journal d’une femme du Kosovo » de Sevdije Ahmeti
Mise en scène et scénographie Zenel Laci | Texte traduit de l'anglais par Chantal Deltenre-De Bruycker et Daniel De Bruycker | Adaptation Safet Kryemadhi | Avec Anila Dervishi | Musicien Afrim Jahja | Création vidéo Lionel Ravira et Loïc Carrera | Régie son et lumières Etienne Delronche et Zenel Laci | Costumes Françoise Van Thienen | Photo © Julian Hills

Une création de la compagnie Fritland-Theatre avec le soutien de la Ville de Bruxelles, Konitza Asbl, Balkan Trafik Festival, le Théâtre National du Kosovo et le Théâtre National d’Albanie. Avec l’aide de la Fondation Roi Baudouin et la Fédération Wallonie-Bruxelles - Service du théâtre. Le « Journal d'une femme du Kosovo » est paru aux éditions Karthala, Paris, 2001

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